Publication de la traduction russe de l’arrêt de la CEDH qui a pleinement donné raison aux Témoins de Jéhovah en Russie
France, Moscou, Région de RostovLe 2 août 2022, une traduction de l’arrêt de la CEDH dans l’affaire de l’ARL Taganrog et autres c. La Russie a été notariée en Russie. La CEDH a rendu une décision historique en faveur des Témoins de Jéhovah, statuant que leur persécution en Russie était illégale.
Les conclusions suivantes de la Cour de justice de l’Union européenne, bien qu’elles aient été formulées dans l’arrêt contre la Russie, s’appliquent à l’ensemble du Conseil de l’Europe, où 2,8 millions de personnes assistent aux cultes des Témoins de Jéhovah. Dans sa décision, le tribunal a évalué les accusations qui circulent parmi ceux qui ont des préjugés contre cette religion. Voici quelques citations.
Les accusations d’extrémisme sont-elles justifiées ? La Cour rappelle que seules les déclarations et les actes religieux impliquant ou appelant à la violence, à la haine ou à la discrimination peuvent justifier la suppression en tant qu'"extrémistes ». ... Les tribunaux n’ont relevé aucune parole, aucun acte ou aucune action des requérants qui serait motivée ou entachée de violence, de haine ou de discrimination à l’égard d’autrui.
Est-il illégal de croire en la vérité de sa religion ? « Chercher pacifiquement à convaincre autrui de la supériorité de sa propre religion et l’inciter à abandonner les « fausses religions » et à adhérer à la « vraie » est une forme légitime d’exercice du droit à la liberté de religion et à la liberté d’expression qui bénéficie de la protection des articles 9 et 10 de la Convention. » — §156.
Faut-il punir pour avoir refusé une transfusion sanguine ? « le refus d’une transfusion sanguine est l’expression de la libre volonté d’un membre de la communauté qui exerce son droit à l’autonomie personnelle dans le domaine des soins de santé protégé à la fois par la Convention et par la loi russe. » — § 165.
L’objection de conscience au service militaire est-elle un crime ? « L’exhortation religieuse à refuser le service militaire n’enfreignait aucune loi russe et les Témoins de Jéhovah avaient le droit de chercher à persuader les autres qu’ils devaient préférer un service civil de remplacement plutôt que de prendre les armes. » — § 169.
Y a-t-il quelque chose d’illégal dans les textes religieux ? « Tant les activités religieuses des requérants que le contenu de leurs publications semblent avoir été pacifiques, conformément à la doctrine de non-violence qu’ils professaient. ... Aucune des publications interdites ne contenait d’appels ou d’incitation à la violence ou de déclarations insultantes, calomnieuses ou discriminatoires à l’encontre de membres d’autres religions.
Comment faut-il considérer la pratique consistant à bloquer des sites Web entiers ? « La Cour a jugé ci-dessus que la décision de déclarer « extrémistes » les publications religieuses des Témoins de Jéhovah révélait une violation de la Convention. Cette constatation s’applique aux publications, brochures et magazines auxquels il avait été fait référence dans la demande d’ordonnance de blocage. Cependant, même s’il y avait eu des circonstances exceptionnelles justifiant le blocage de contenus illicites, la mesure bloquant l’accès à l’ensemble du site aurait eu besoin d’une justification propre... et par référence aux critères établis par la Cour en vertu de l’article 10 de la Convention. Le blocage de l’accès à un contenu légitime ne peut jamais être une conséquence automatique d’une autre mesure de blocage plus restreinte, car une mesure de blocage indiscriminée – interférant avec un contenu licite en tant qu’effet collatéral d’une mesure visant uniquement un contenu illégal – équivaut à une ingérence arbitraire dans les droits des propriétaires de sites Web.
En conséquence, la CEDH a conclu que, du point de vue de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, l’interdiction des activités des Témoins de Jéhovah en Russie en 2017, ainsi que des publications et du site web, était illégale. La Cour a statué que l’État défendeur devait prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin aux poursuites pénales contre les Témoins de Jéhovah et libérer ceux d’entre eux qui sont emprisonnés, ainsi que restituer les biens confisqués aux personnes morales ou verser une indemnité d’un montant de 59 617 458 euros. En outre, les demandes de dommages moraux des croyants pour un montant total de 3 447 250 euros ont été satisfaites.