Richard Clayton : « Un exemple choquant de la façon dont une mauvaise loi est utilisée à des fins encore pires »
Union européenne« J’ai beaucoup d’expérience avec les Témoins de Jéhovah. Je les connais comme des gens doux et très convaincus de leurs opinions, mais cela ne les distingue pas de beaucoup d’autres.
Qualifier d’extrémisme l’idée que votre religion est vraie et que celle de quelqu’un d’autre est fausse, ou que vous appelez cela du terrorisme, est, franchement, absurde. Je ne peux pas imaginer qu’au moins un pays soit d’accord avec cela. Je partage pleinement la conviction que le gouvernement russe se comporte de manière extrême dans cette situation.
Il n’y a rien dans les preuves que j’ai lues, sur lesquelles se fondent les accusations portées contre les Témoins de Jéhovah, qui puisse étayer de quelque manière que ce soit les accusations d’extrémisme.
Reconnaître les Témoins de Jéhovah comme des extrémistes n’aidera en rien la Russie à consolider sa réputation de pays civilisé. Toute décision prise à l’encontre des Témoins de Jéhovah aura des répercussions sur les autres. Ce sera un signal d’alarme pour tout le monde : si vous n’êtes pas d’accord avec les autorités russes, vous courez un risque. C’est un signal direct : vous devez faire ce qu’on vous dit, vous devez vous abstenir d’exprimer vos opinions et ne pas avoir de croyances en contradiction avec l’idéologie de l’État. Cette application de la loi donne une image extrêmement négative de la liberté religieuse en Russie : « Vous pouvez croire en n’importe quoi, tant que vous croyez en ce que je vous dis. »
À mon avis, il s’agit d’un exemple choquant de la façon dont une mauvaise loi est utilisée à des fins encore pires.
Bien entendu, les Témoins de Jéhovah peuvent faire appel devant la Cour de Strasbourg. Ceci, bien sûr, prendra du temps et beaucoup. Mais ces mesures draconiennes et extraordinaires, ainsi que les conséquences irréparables de la confiscation des biens, devraient inciter la Cour de Strasbourg à maintenir le statu quo jusqu’à ce que l’affaire soit entendue. Bien sûr, ce sera une période très difficile, et ils seront persécutés encore plus qu’avant.
Pour avoir travaillé avec eux, je trouve extrêmement étrange l’idée que les Témoins de Jéhovah soient des extrémistes ou des dangereux pour la société. Peut-être que quelqu’un est irrité par eux. Mais l’irritation n’est pas une raison pour les fermer ou les priver de leurs droits.
Richard Clayton, conseiller de la reine, représentant du Royaume-Uni auprès de la Commission de Venise.